ROLEX MONTE-CARLO MASTERS

April 16, 2022

Stefanos Tsitsipas

Conférence de presse

S. TSITSIPAS/A. Zverev

6/4, 6/2

Interview de STEFANOS TSITSIPAS

Q. Félicitations. Comment avez-vous réussi à être aussi concentré aujourd’hui après la dure bataille d’hier ?

R. J’ai dû mettre mon âme dans la balance hier. Et je me suis obligé à rendre le jeu très physique, même si cela peut paraitre surprenant, après la dure bataille très physique de la veille. Je savais que mon corps ne réagirait pas forcément comme je le voulais et je m’en suis tenu à cette obligation, et j’ai réussi, aussi surréaliste que cela puisse sembler. J’étais déterminé à rester sur le court aussi longtemps qu’il le fallait, et à entrer dans les échanges, et à jouer sur le plan physique, et de toute évidence, cela a joué en ma faveur.

Q. Travaillez-vous avec un psychologue, par exemple, pour mieux gérer ces matches difficiles en si peu de temps, en étant de nouveau à 100% 12 heures plus tard ?

R. La plupart du temps que j’ai passé sur les circuits de l’ATP, j’ai travaillé avec un psychologue. Pas seulement maintenant, mais dès mes années juniors, j’ai commencé à 12 ans. Il m’a beaucoup aidé.

Q. Comment analysez-vous ce moment incroyable hier soir ? Le match était fou. Pouvez-vous expliquer ces hauts et ces bas ?

R. Ce match montre que sur terre battue, il ne faut jamais baisser les bras, parce même dans une situation comme celle-là, tout est possible. Si vous y mettez votre âme, et de la patience, et que vous diminuez le nombre de fautes directes, et que vous vous concentrez sur chaque échange individuellement, en ne prenant pas trop de risques, mais sans en prendre trop peu, en trouvant le bon équilibre qui vous permet de rester dans le match aussi longtemps qu’il le faut, aussi longtemps que nécessaire, c’est là que s’est produit le tournant du match, quand j’ai pu adopter cet état d’esprit, quand j’ai essayé de réduire au maximum les fautes directes que j’avais commencées à faire depuis la fin du deuxième set. Cet état d’esprit a vraiment payé, c’est ce qui m’a permis de renverser le match.

Q. Bravo. Avez-vous pensé au début du tournoi, quand vous ne paraissiez pas en si grande forme, que vous pourriez allez si loin ? Etiez-vous optimiste ? Et que peut-on faire selon vous pour éviter que le vendredi on ait quatre quarts de finale sur le même court, ce qui fait que des matches se terminent à 23h, ce qui s’est passé plusieurs fois et qui peut avoir une incidence sur le résultat du match ?

R. Au début du tournoi, j’ai pu être performant et produire du bon tennis. Même si certains ont pensé que ce n’était pas mon meilleur niveau, j’ai quand même gagné ces matches en deux sets, jusqu’à la bataille hier soir. Là, il y a eu un moment où je me suis senti coincé. Rien ne marchait comme je le voulais. Mais je me suis ressaisi, je me suis mis à réfléchir, à faire plus d’effort et j’ai réussi à faire ce retournement de situation incroyable. Je voulais aussi dire que sur les quarts de finales, j’ai déjà expérimenté ces matches qui se terminent très tard bien souvent. On ne sait jamais ce qui peut se passer. Dans les Grands Chelem, on joue en cinq sets.

Q. Mais il y a un jour de repos ?

R. Oui, mais si c’est en cinq sets, je ne sais pas combien de matches il y a dans la journée, mais on peut finir très tard. Je n’ai jamais joué aussi tard pendant la saison de terre battue. Peut-être à Madrid, mais je ne suis pas sûr. Le tennis le soir est différent du tennis la journée, très différent.

Q. Pourquoi ?

R. Il y a moins de changements de lumière, comme avec le soleil. Les lumières artificielles sont plus stables. Parfois, le jeu est plus propre le soir, je trouve. Les échanges sont plus longs parce qu’il n’y a pas cet effet d’ombre et de lumière sur le court et vous n’avez pas le soleil dans les yeux. C’est mieux du point de vue du tennis.

Q. Bravo. Hier soir vous avez gagné un match très difficile, un match historique, et aujourd’hui vous avez battu votre record en face à face par rapport à un des meilleurs joueurs ces dernières années et demain vous êtes en position de pouvoir défendre votre titre dans ce Masters. Cela vous permet-il d’avoir une perspective plus à long terme, pour cette saison ? Avez-vous le courage de vous dire, cette saison sera très spéciale pour moi ?

R. Oui, je l’ai à l’esprit. Je veux vraiment que cela arrive. Je me concentre sur le long terme, je vais jouer des tournois où je dois vraiment donner le meilleur de moi-même pour vérifier une fois de plus que je peux être compétitif à ce niveau, au plus haut niveau. Et à chaque match, je dois prouver que je peux être bien présent, et faire encore mieux qu’auparavant. Chaque jour est un nouveau défi. En fait, cela ne change jamais. Même si j’ai un très bon résultat, le lendemain, je dois encore prouver sur le court que j’ai la capacité de bien jouer. Rien n’est dû au hasard. C’est ça, ma motivation. C’est un défi difficile à relever, qui implique beaucoup d’entrainements, de travail répétitif. Cette saison, je sens que j’ai appris de mes erreurs passées, et si je réfléchis à ces erreurs avec sagesse, je peux vraiment faire une bonne saison, ou même faire de cette saison la meilleure que j’ai jamais eu.